Piton de la Fournaise : quel type de volcan ?

Le Piton de la Fournaise est l’un des volcans les plus actifs au monde. Situé sur l’île de la Réunion, ce volcan, culminant à 2 632 mètres d’altitude, fascine non seulement par ses fréquentes éruptions mais aussi par sa géologie unique. Dans cet article, nous explorerons le type de volcan qu’est le Piton de la Fournaise, ainsi que son fonctionnement.

Un volcan effusif, de type hawaïen

Le Piton de la Fournaise est un exemple classique de volcan bouclier. Ce terme décrit une forme large et peu élevée avec des pentes douces, créées principalement par des coulées de lave basiques et fluides qui s’étalent sur de vastes distances. Le terme « volcan bouclier » renvoie à la forme du volcan, comme un bouclier posé au sol.

La particularité de ces volcans réside dans leur structure. Contrairement à des volcans explosifs, comme le Vésuve en Italie, ou le Mont St Helens aux Etats-Unis, le Piton de la Fournaise est un volcan effusif car il n’a pas tendance à accumuler de grandes quantités de gaz sous pression. Cela entraîne des éruptions effusives plutôt que explosives, typiquement associées aux volcans de type hawaïen.

Origine et formation du Piton de la Fournaise

Le Piton de la Fournaise correspond en fait au sommet et flanc oriental du Massif du Piton de la Fournaise, située dans la partie sud-est de la réunion. Avec le Piton des Neiges, ces deux volcans sont à l’origine de la création de l’île de la Réunion (avec un troisième volcan, le volcan des Alizés, dont on sait peu de choses aujourd’hui).

L’origine du Piton de la Fournaise se trouve dans un point chaud situé sous l’île de la Réunion. Un panache mantellique profond apporte du magma chaud de manière constante, alimentant ainsi le volcan. Cette source continue de chaleur explique en partie les éruptions fréquentes observées.

Formé il y a environ 500 000 ans, le Piton de la Fournaise a bâti progressivement ses couches de laves successives. Les laves fluides émanant des fissures et des cratères ont modelé doucement son profil actuel, contrairement aux structures plus abruptes que l’on peut trouver chez d’autres types de volcans.

Éruptions et activité volcanique

L’un des volcans les plus actifs au monde

Des éruptions généralement inoffensives, mais pas toujours…

Bien que spectaculaires, les éruptions du Piton de la Fournaise sont généralement sans danger pour les habitants de l’île. Les flots de lave avancent lentement et restent majoritairement confinés au sein de l’Enclos Fouqué, une vaste caldeira formée par un ancien effondrement.

Il arrive parfois que les coulées de lave du Piton de la Fournaise descendent totalement les Grandes pentes et le Grand Brûlé, les parties basses de l’Enclos, pour se jeter dans l’océan Indien, comme pour la coulée de 2007, par exemple.

Certaines coulées de lave sont également sorties de la zone de l’Enclos et ont touché des villages et menacé les habitants, comme celles de 1977 à Sainte-Rose, celle de 1986 en bas de St Philippe et celle de 1998 dans les hauts de Ste Rose.

L’éruption de 1977 est restée dans les mémoires des Réunionnais, de par sa rapidité et son intensité. Fort heureusement, les habitants de Sainte-Rose ont pu être évacués avant l’arrivée de la coulée de lave, qui a détruit 33 habitations, la gendarmerie, la route nationale et 290 hectares de terres cultivées. L’église, aujourd’hui renommée Notre dame des Laves a été miraculeusement préservée, car la lave s’est arrêtée à sa porte.

La formation des cratères Dolomieu et Bory

Le Piton de la Fournaise comprend actuellement plusieurs cratères, dont un cratère principal de par ses dimensions :

• Le cratère Dolomieu, le plus grand et situé à l’est

Ses dimensions dont de 1000 mètres de longueur (1km) et 700 mètres de largeur. Il serait apparu en 1791, à la suite de l’effondrement d’une chambre magmatique sommitale. Il a été nommé ainsi par Bory, naturaliste et géographe, en hommage à un géologue et minéralogiste du même nom, Déodat Gratet de Dolomieu. Les dimensions actuelles de ce cratère sont dues à l’éruption d’avril 2007, qui a causé son effondrement et modifié sa morphologie, de manière spectaculaire.

Un autre cratère était bien connu :

• Le cratère Bory, situé à l’ouest

Ce cratère était plus petit : 350 m de longueur et 200 m de largeur. Déjà présent au début de la colonisation de l’île, il a été nommé ainsi lors de l’expédition menée en 1801 par Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent. Depuis l‘effondrement du cratère de Dolomieu en 2007, ce cratère n’existe plus, car les deux cratères n’en forment maintenant qu’un seul.

Observation de son activité

Le Piton de la Fournaise constitue un laboratoire naturel extraordinairement utile pour les vulcanologues. Étudier ses cycles d’éruption aide non seulement à comprendre les mécanismes internes des volcans en général, mais aussi à prédire les éruptions futures non seulement localement mais potentiellement dans d’autres parties du monde.

Depuis l’installation en 1979 de l’Observatoire volcanologique, le piton de la Fournaise est l’un des volcans les plus surveillés au monde. L’observatoire (Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise, IVPF) fait partie de l’Institut de physique du Globe de paris (IPGP), un institut de recherche en géosciences, en charge de services d’observation en volcanologie, sismologie, magnétisme, gravimétrie et érosion.

Grâce à l’observation en continu du volcan, l’observatoire permet aux autorités de prévoir les éruptions du volcan et de protéger les habitants de l’île de la Réunion.

Technologies de surveillance

Un arsenal de technologies modernes est déployé pour surveiller le Piton de la Fournaise. Parmi les outils utilisés, on trouve :

• Sismographes pour détecter les tremblements terrestres indiquant des mouvements magmatiques.

• GPS pour mesurer les déformations du sol, signe de montée de magma.

• Caméras thermiques pour suivre les flux de chaleur en surface.

Impact de l’activité du Piton de la Fournaise sur la géologie de la Réunion

Peu à peu, la végétation reprend ses droits sur les coulées de lave. Les premiers végétaux à se fixer sont les lichens, dont la décomposition finit par fournir l’humus nécessaire à la végétalisation.

Ces lichens blanchâtres, donnent une couleur claire par endroits aux versants du volcan, comme sur les Grandes Pentes. Puis d’autres espèces végétales poussent dans les anfractuosités des sols fertiles : des fougères, des arbustes et, progressivement, la forêt qui reprend ses droits.

Admirer le Piton de la Fournaise, ses cratères et pitons

Le Piton de la Fournaise attire chaque année des milliers de visiteurs. Plusieurs sentiers de randonnées permettent d’accéder à des points d’observation sécurisés offrant une vue imprenable sur le cratère Dolomieu et les autres pitons formés aux cours des dernières éruptions.

Ces sentiers partent du pas de Bellecombe, près du cratère Dolomieu. A 1h de marche de ce point de départ, le cratère Formica Leo permet d’atteindre un beau point de vue sur le volcan. Si vous souhaitez atteindre le cratère Dolomieu, il vous faudra alors marcher pendant environ 6h aller-retour.

Avis pratiques pour les visiteurs

Si vous envisagez de visiter le Piton de la Fournaise, quelques conseils s’imposent :

• Informez-vous toujours sur l’état actuel du volcan avant votre visite. Les autorités locales et le site officiel de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise fournissent des informations et mises à jour régulières.
• Equipez-vous correctement. Des chaussures robustes, de l’eau en abondance et une bonne protection solaire sont indispensables pour vos excursions.
• Respectez les consignes de sécurité affichées sur place. Ne vous aventurez jamais hors des sentiers balisés sans autorisation.

Bien que le terme volcan actif puisse sembler intimidant, le Piton de la Fournaise est en réalité beaucoup plus sûr et mieux compris que la plupart des autres volcans actifs de grande intensité.

Sa nature effusive et ses éruptions fréquentes mais prévues en font une destination incontournable, tant pour les amateurs de volcans que pour les professionnels de la recherche. La compréhension approfondie de ce volcan offre un modèle pour étudier d’autres volcans basaltiques répartis sur notre planète, contribuant ainsi grandement à la science géologique moderne.